Angoulême (16)
"Oranges sanguines" 17h 15 samedi 27 novembre RDV 17 h dans l'entrée. On peut boire un pot ou manger un morceau après le film
« Oranges sanguines » : portrait d'une France qui n'a plus de jus
Avec la verve qu on connaît au fondateur des Chiens de Navarre, Jean-Christophe Meurisse signe un deuxième film au vitriol.
Par Clarisse Fabre
L'AVIS DU « MONDE » -
Pulpe et frictions. Le cinéaste et metteur en scène Jean-Christophe Meurisse, fondateur du collectif Les Chiens de Navarre, aime s'inspirer de l'actualité pour ses films. Le bouillonnement de la marmite française ne laisse-t-il pas augurer d'un pot-au-feu bien épicé ? Mais l'idée d'Oranges sanguines, son second long-métrage après Apnée (2016), est née de la lecture d'un fait divers américain : après avoir été violée, une adolescente a coupé les parties génitales de son agresseur et lui a fait manger ses testicules, après les avoir passées au micro-ondes. Un jury populaire l'a acquittée, raconte le réalisateur.
C'est l'une des trois histoires du film, un massacre à la tronçonneuse sur fond de musique disco, du Tarantino pur jus, et la scène doit sa réussite au talent de la jeune comédienne (Lilith Grasmug) qui incarne Louise. Son agresseur (Fred Blin), qui vit reclus dans une maison en banlieue parisienne, est présenté comme un pervers doté d'une conscience de classe anticapitaliste. Aussi, lorsqu'il voit débarquer chez lui, un soir, le ministre de l'économie en personne (Christophe Paou), dont la voiture vient de tomber en panne, il décide de régler son compte au représentant de la gauche caviar, et c'est la deuxième histoire. La troisième suit Laurence (Lorella Cravotta) et Olivier (Olivier Saladin), un couple de retraités provinciaux, endettés. Passionnés de rock, ils misent sur un concours de danse pour gagner de l'argent et rassurer les banquiers. Ils ne jugent pas utile de parler de leurs soucis à leurs enfants. L'un d'eux, Alexandre (Alexandre Steiger), est un jeune avocat parisien, distant et arrogant.
Virtuosité du scénario
Alexandre est le personnage reliant les trois récits. Il devient l'avocat de Louise, et travaille aux côtés d'un ténor du barreau (Denis Podalydès) en vue d'éteindre un scandale fiscal visant le ministre de l'économie - une allusion à l'affaire Jérôme Cahuzac, du nom de l'ancien ministre du budget de François Hollande, contraint de démissionner en 2013 pour des faits de fraude fiscale.
Les trois histoires s'imbriquent et se répondent avec fluidité, les dialogues sont soigneusement écrits ou improvisés
Meurisse signe un portrait de la France saignant à souhait, souvent outrancier. Oranges sanguines scrute les faux pas de la gauche, le brouillage des repères. Le tableau peut sembler expéditif ou caricatural : ainsi, le personnage d'Alexandre en fait trop, dans le machisme ou le mépris de classe, le ministre est un hypocrite jusqu'à la moelle, etc. Mais il faut reconnaître une certaine virtuosité au scénario et au jeu des comédiens : les trois histoires s'imbriquent et se répondent avec fluidité, les dialogues sont soigneusement écrits ou improvisés.
Lieu de rendez-vous
Cette information est réservée aux adhérentsRejoins-nous vite !
Ouvert aux invités : oui
Les participants à cette activité
un(e) ancien(ne)
un(e) ancien(ne)
Discussion autour de cette activité
Rejoins-nous vite !
vous proposer des services adaptés et à des fins de mesure statistique d'audience.
En savoir plus
fermer ce bandeau